la chanson est un art – JEAN FERRAT – « J’entends, j’entends » et « un jour, un jour « Un jour pourtant, un jour viendra couleur d’orange Un jour de palme, un jour de feuillages au front Un jour d’épaules nues où les gens s’aimeront Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche.
LA CHANSON EST UN ART que certains considèrent comme mineur. Pourtant en trois ou quatre minutes elle vous donne un aperçu sur le sujet choisi par l’auteur : sur le grand amour, sur l’amour déçu, sur l’amour passion, ou encore sur la condition de la femme, qui vient tout juste de s’émanciper sur le continent européen, mais qui reste une lutte en Afrique, ou en Asie.
En peu de mots, mais avec un langage imagé qui fait appel à l’émotion des auditeurs, la chanson rate rarement sa cible, compte tenu du talent de l’interprète, bien sûr .
Qu’en pensez-vous ??
Il y a des chansons qui sont des poèmes, Jean Ferrat nous en a donné plusieurs exemples, en mettant dans son répertoire quelques oeuvres de LOUIS ARAGON qu’il sut mettre en musique :
pour notre plus grand plaisir :
- Nous dormirons ensemble
- j’entends,j’entends
- que serais-je sans toi
- aimer à perdre la raison
- un jour, un jour
deux chansons parmi ces 5 poèmes d’ARAGON sont moins connues et sont magnifiques : en voici la teneur :

« J’entends j’entends… » Jean Ferrat, d’après un poème de Louis Aragon
Paroles de J’entends, J’entends
Adaptation de jean ferrat sur un poème de Louis ARAGON
J’en ai tant vu qui s’en allèrent
Ils ne demandaient que du feu
Ils se contentaient de si peu
Ils avaient si peu de colère
Qui disent des choses banales
Comme on en lit sur le journal
Comme on en dit le soir chez soi
O pierre tendre tôt usée
Et vos apparences brisées
Vous regarder m’arrache l’âme
De temps en temps la terre tremble
Le malheur au malheur ressemble
Il est profond profond profond
Je le connais ce sentiment
J’y crois aussi moi par moments
Comme l’alouette au miroir
A n’en pas croire mes oreilles
Ah je suis bien votre pareil
Ah je suis bien pareil à vous
Comme le sang toujours versé
Comme les doigts toujours blessés
Ah je suis bien votre semblable
Vous qui semblez autres moi-même
Mais les mots qu’au vent noir je sème
Qui sait si vous les entendez
Ni mes paroles ni mes mains
Et vous passez votre chemin
Sans savoir que ce que dit ma bouche
Nous vivons sous le même règne
Et lorsque vous saignez je saigne
Et je meurs dans vos mêmes liens
J’aurais tant aimé cependant
Gagner pour vous pour moi perdant
Avoir été peut-être utile
Il aurait mieux valu le taire
Vous me mettrez avec en terre
Comme une étoile au fond d’un trou

Un Jour, Un Jour (Jean Ferrat)
PAROLES DE UN JOUR, UN JOUR
adaptation de Jean Ferrat d’un poème de Louis ARAGON
Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime
Sa protestation ses chants et ses héros
Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
Emplissant tout à coup l’univers de silence
Contre les violents tourne la violence
Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Je voyais, je voyais l’avenir à genoux
La Bête triomphante et la pierre sur nous
Et le feu des soldats porté sur nos rivages
Un partage incessant que se font de la terre
Entre eux ces assassins que craignent les panthères
Et dont tremble un poignard quand leur main l’a touché
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
Des manières de rois et des fronts prosternés
Et l’enfant de la femme inutilement né
Les blés déchiquetés toujours des sauterelles
Le massacre toujours justifié d’idoles
Aux cadavres jetés ce manteau de paroles
Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou
Un jour de palme, un jour de feuillages au front
Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront
Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche